January 29, 2018
Le Leadership selon Kung Fu Panda 3 - 1re partie
Le week-end dernier, j'ai regardé Kung-Fu Panda 3 des studios Dreamworks, avec deux de mes enfants. Depuis le début de cette tradition hebdomadaire de regarder un dessin animé ensemble, nous avons vu – et revu – des œuvres de tous les niveaux. Le meilleur comme le pire. Kung-Fu Panda 3 fait clairement partie des meilleurs ; pas pour l'histoire mais pour le modèle de leadership qu'il met en images.
Explications sur le modèle managérial porté par Kung Fu Panda 3
Quel que soit le thème du film, certaines histoires véhiculent indéniablement des messages plus forts et plus intéressants que d'autres (Miyazaki vs Disney). Dans Kung Fu Panda 3, j'ai été surpris par la justesse des comportements des personnages. Pendant le film, ils agissent en effet comme des leaders exemplaires. Les auteurs illustrent ainsi un modèle de leadership qui, je le souhaite, pourra servir de référence pour redéfinir l'image d'un leader dans l'imaginaire collectif.
Adoptés par Maître Shifu et Po, cet article parle du premier des trois comportements qui font d'eux des leaders exemplaires : le droit à l'erreur.
Attention, la suite de l'article mentionnera des passages du film.
Permettre l'erreur, pour sortir de sa zone de confort
C'est le premier message fort. Il intervient dès le début du film. Maître Shifu décide de céder sa place à Po pour mener l'entraînement des Furious Five. Sans grande surprise pour ces cinq guerriers légendaires, ce premier entraînement se transforme en désastre. Un échec cuisant. Po, déçu par sa propre incompétence, indigne de son statut de guerrier Dragon, refuse de reprendre le rôle d'entraîneur à nouveau. Lors du debrief, Maître Shifu l'encourage à continuer et assure Po de tout son soutien en lui permettant l'erreur : "je savais que tu en étais incapable".
"Si tu te contentes de faire ce que tu es capable de faire, tu ne progresseras pas." Maître Shifu
La posture de Po est naturelle ; il est intuitivement désagréable de se trouver dans une situation difficile, que l'on ne maîtrise pas, dans laquelle on commet des erreurs. Il est par conséquence naturel d'éviter ces situations. Sortir de sa zone de confort devient donc obligatoirement le résultat d'une démarche délibérée. Pourquoi l'encourager, et comment créer l'environnement favorable ?
L'impact initial d'une sortie de sa zone de confort est un coût : une qualité inférieure (ou des délais supérieurs) et un sentiment d'incompétence. Rien qui nous inciterait à continuer. Pourtant, sans sortir de sa zone de confort, il peu probable d'acquérir de nouvelles compétences, de s'améliorer, de progresser.
Les gains à moyen/long terme surpassent largement le coût initial, et rendent particulièrement important que chaque membre d'une équipe sorte de sa zone de confort pour progresser. La raison évidente plaidant pour le progrès — un coéquipier mieux formé est plus efficace pour l'organisation – n'est pas la plus importante. Teresa Amabile de la Harvard Business School, conclut 15 années de recherche académique en démontrant que chaque membre d'une équipe a besoin de progresser pour une raison supplémentaire : le sentiment de progrès joue un rôle fondamental sur la motivation. C'est pour cela que de cocher votre To Do au fur et à mesure vous donne envie de continuer. A plus grande échelle, les grandes découvertes scientifiques et les progrès techniques créent systématiquement d'intenses périodes d'innovation, de confiance en l'avenir et de croissance économique.
En synthèse, pour obtenir le résultat souhaité – une organisation plus performante grâce à un Panda motivé –, Maître Shifu crée les conditions du progrès de Po en lui permettant de sortir de sa zone de confort : il fixe l'objectif d'acquisition de la nouvelle compétence et permet l'erreur indispensable pour démarrer et continuer son apprentissage. Po, alors assuré du soutien de son Maître même dans l'erreur ou l'échec, continue de progresser, reste engagé par sa motivation et devient plus performant.
Suggestions de lecture sur le progrès et la motivation au travail
Si cet article vous a intéressé, vous pouvez lire au sujet du progrès et de la motivation :
- Les travaux de Teresa Amabile & Steven Kramer, et notamment l'ouvrage Progress Principle.
- La Belle Epoque fournit une manifestation historique de l'impact du sentiment de progrès sur la motivation, à l'échelle d'une société, que Stefan Zweig décrit dans Le Monde d'hier.
- L'ouvrage, Leadership and Motivation, de John Adair propose un guide opérationnel sur l'impact et les conditions de la motivation.
- David Marquet aborde également la mise en place d'objectifs de progrès individuel dans l'excellent Turn the ship around! (une des lectures favorites de l'équipe de Ferpection).
- Et bien sûr revoir Kung-Fu Panda 3.
Retrouvez la publication originale de cet article par Joachim sur Linkedin.
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