March 11, 2022
Écoconception et UX : la combinaison gagnante d’une expérience utilisateur réussie
Écoconception et UX. Voici deux mots qu’on entend de plus en plus souvent, et qui soulèvent bien des questions. À commencer par celle-ci : le numérique peut-il être vraiment respectueux de l’environnement et compatible avec une expérience utilisateur de qualité ? Chez Ferpection nous pensons que oui, ils sont à la fois compatibles et complémentaires. Mais concrètement, que sont-ils, comment les mettre en place et surtout, pour quels bénéfices ? Pour vous aider à y voir plus clair, nous avons fait appel à une spécialiste. Décryptage.
Écoconception et UX : de quoi parle-t-on ?
L’écoconception ou comment aller droit au but
Selon Milena Gatelier, développeuse web spécialisée en écoconception que nous avons interrogée, l’écoconception est le fait de prendre en considération l’aspect écologique résultant de la création d’un nouveau produit. Et ce, à toutes les étapes de sa conception — idéation, production, réutilisation et recyclage — de façon à réduire son empreinte polluante au maximum.
Une bonne pratique comprenant aussi une dimension sociale, d’accessibilité et d’inclusion, car, dit-elle, « je suis foncièrement convaincue que la préservation de nos ressources est un sujet dont l’ensemble de la société doit s’emparer pour avoir un impact fort. »
L’UX pour fluidifier le parcours utilisateur
L’UX quant à elle, a pour but d’offrir une expérience utilisateur fluide, agréable et intuitive. Elle se réfère au ressenti et à l’attitude d’une personne lors de l’usage d’un produit ou service, qu’il soit numérique ou non. Celle-ci inclut l’utilisabilité, la perception de la marque, les attentes psychologiques et les émotions, qui sont des notions indispensables. Il est essentiel d’adopter une vision omnicanale de l’UX, et de prendre en compte les différents points de contact avec la marque.
L’écoconception et l’UX se rejoignent donc sur de nombreux points, notamment, sur la fluidité du parcours utilisateur, la performance et l’efficacité de celui-ci.
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Adopter une démarche d’écoconception : quels bienfaits pour l’UX ?
Si on trouve aujourd’hui de plus en plus d’informations sur les bienfaits de l’UX, il n’est pas toujours simple de faire la part des choses entre greenwashing et démarche éco-responsable. Pour en savoir plus, Milena Gatelier nous a livré son expertise.
Pour commencer, pensez-vous que l’écoconception et l’UX sont compatibles ?
Milena Gatelier : Oui, un franc et massif oui ! En écoconception, on recherche l’essentiel et on élimine tout ce qui est superflu. On fait en sorte que l’utilisateur trouve ce dont il a besoin au plus vite et on propose du contenu qualitatif. C’est une évolution numérique visant à fluidifier le parcours client.
Il y a aussi une recherche d’amélioration et d’optimisation des performances du site web, à tous les niveaux. Une programmation plus light allège les fichiers, et cela donne un site plus rapide et une UX plus agréable.
« Il faut savoir qu’aujourd’hui, quand un site met plus de 3 secondes à charger, les internautes s’en vont. »
Comment on entre concrètement dans une démarche d’écoconception, quelles sont les bonnes pratiques à adopter ?
Je pense qu’il est primordial de commencer par vraiment visualiser ce qu’est l’écoconception. Dans cette approche, il faut tenter de diminuer au maximum la pollution numérique de chaque étape de création du produit pour n’en garder que l’essentiel.
Pour un site, on va commencer par se poser une question basique : est-ce qu’on a vraiment besoin d’un site internet ? Parce que, ce qui est encore plus écoconçu qu’un site écoconçu, c’est pas de site du tout.
À partir du moment où on crée quelque chose, ça a un impact, donc le but, c’est de le réduire. Ensuite, il faut se demander de quoi on a vraiment besoin, ce qui peut clarifier le message.
Puis, vient l’étape de la création. On réfléchit à l’arborescence, on se demande comment on va créer ce site, puis, comment et quel hébergeur on va choisir pour stocker ces données. L’écoconception, c’est en fait beaucoup de détails qui, mis bout à bout, forment un ensemble plus vertueux. Ils sont tous importants. Il faut se demander ce qui est pertinent et utile, plutôt que de penser à ce qui nous fait envie.
C’est donc une démarche à prendre en compte dès le début d’un projet ?
Complètement. Mais en écoconception et en UX, la plupart des gens ne pensent pas à ça en premier. Ils imaginent tout ce qu’ils veulent mettre sur leur site, et ils arrivent avec des projets complets en demandant de les intégrer de façon écologique. Ce n’est pas suffisant. L’écoconception, c’est global, ça se réfléchit dès les prémices du projet, pas lorsqu’il est terminé.
Il faut rentrer dans un process plus frugal, produire moins mais mieux, et réfléchir à ce qu’on peut faire ou ne pas faire à chaque étape du projet.
C’est bien de penser à la pollution et de faire du recyclage, mais au final le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas.
« Plus on intervient tôt, c’est-à-dire lors de l’expression du besoin, de la conception fonctionnelle du maquettage, plus l’effet de levier est fort en termes de réduction de l’empreinte environnementale. »
– Frédéric Bordage, Écoconception web : les 115 bonnes pratiques
Quels sont les bienfaits de l’écoconception ?
Ils sont légion : réduction de l’impact environnemental, de l’utilisation des data centers, UX et UI design plus performants, navigation plus intuitive. Il y a aussi selon moi un lien sociétal qui offre plus de considération à l’utilisateur, satisfait du site et de l’image de marque de l’entreprise.
Au niveau technique, pour un site écoconçu, on fait attention à certains critères de classement dans les moteurs de recherche et cela impacte ses performances SEO.
Sur le long terme, il y a aussi un bénéfice financier qui entre en jeu : un site clair attire toujours plus de prospects qualifiés et donc, potentiellement plus de contrats. C’est un cercle vertueux. On peut également parler d’économie : si le client réfléchit aux fonctionnalités et aux plug-ins qui lui sont indispensables, il va sans doute se débarrasser de quelques-unes de ses premières idées. Cela lui économisera le coût d’un service inutile, en plus de la maintenance nécessaire à toutes ces options.
Y a-t-il des outils qui permettent de mesurer si nos démarches en écoconception portent leurs fruits ?
Pour les sites internet, oui, il y a l’EcoIndex. Pour moi, c’est une référence. Il est open source et surtout, transparent. Certains outils mesurent l’écoconception des sites, mais on n’a aucune idée de comment et de quoi ils mesurent. L’EcoIndex, lui, fournit un rapport détaillé qui permet de savoir ce qui ne va pas et quoi optimiser pour s’améliorer encore. C’est un outil précieux.
Tous les services numériques sont-ils compatibles avec l’écoconception ?
Non, malheureusement. Certains CMS ou plateformes ne laissent aucune liberté de manœuvre pour travailler une optimisation plus sobre. Et puis, dans l’écoconception, tout le monde ne met pas la barre au même niveau. Aujourd’hui et dans une certaine mesure, il est possible d’optimiser un site WordPress en éco. Mais, il y aura toujours des gens pour dire que si c’est du Wordpress, alors ce n’est pas écoconçu. Personnellement, je pense qu’un projet est forcément soumis à des besoins et qu’il faut composer avec. On peut optimiser au maximum, mais effectivement, un WordPress sera toujours moins écoconçu qu’un site statique. Ça reste toujours mieux que d’autres CMS qui eux, ne permettent d’alléger que les images. On est donc loin d’un numérique propre.
Comment en êtes-vous venue à vous spécialiser en écoconception ?
J’ai été sensibilisée à l’écologie très tôt, alors ça m’a paru naturel d’aligner mes valeurs à mon entreprise. Je ne me voyais pas défendre des convictions personnelles et les laisser complètement de côté dans mon activité professionnelle. Je me suis donc formée afin de pouvoir proposer des services qui soient réellement de l’écoconception et pas du greenwashing. Ce n’est pas encore très démocratisé, il n’existe toujours pas de formation officielle. Finalement, c’est beaucoup de bonnes pratiques, de logique, d’analyse et de remise en question. La sobriété numérique, c’est de la recherche constante. J’ai lu le livre de Frédéric Bordage de Green IT « Éco-conception web : les 115 bonnes pratiques », échangé sur des forums. Je suis aussi entrée dans une démarche RSE pour être en phase avec mon positionnement.
Il y a quelques mois, j’ai décidé de créer une agence d’éco communication avec une graphiste illustratrice spécialisée en éco print et une rédactrice web SEO. On s’appelle « Les Triplettes de Grenoble ». Notre but, c’est d’accompagner celles et ceux qui souhaitent aligner leur communication sur leur valeurs.
En résumé
L’écoconception et l’UX sont donc non seulement compatibles, mais elles permettent de créer une expérience optimale au service du business. Intégration des testeurs dès le début du projet, ergonomie fluide et attractive, design d’interface clair et efficace, les points communs de ces deux disciplines sont nombreux.
« Lorsque l’on accompagne des entreprises, il nous arrive de leur conseiller de réduire le nombre d’applications ou de sites au profit d’un point d’entrée unifié pour leurs clients. Parce que finalement, c’est bel et bien l’expérience de navigation qui prime. »
– Mathieu Lombard, Responsable UX chez Ferpection.
À l’image de l’UX research et des tests utilisateurs, l’écoconception n’est peut-être toujours pas complètement démocratisée, mais c’est clairement une des grandes tendances UX pour 2022.
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